Livret anesthésie-réanimation – édition 2022

L’anesthésie, la réanimation et la médecine intensive partagent une histoire et des dispositifs médicaux commun. A la croisée de toutes les spécialités médicales, les professionnels de ces disciplines sont en première ligne des situations critiques et/ou d’urgence, comme l’a d’ailleurs montré la crise sanitaire liée au Covid-19. Pour les servir, les dispositifs médicaux d’anesthésie et de réanimation n’ont cessé d’être améliorés et augmentés au fil du temps…

Anesthésie : sécurité et adaptabilité en ligne de mire

L’innovation en anesthésie est intimement liée à l’essor de la chimie. De la découverte des propriétés anesthésiques du protoxyde d’azote au XVIIIe siècle à celles de l’éther et du chloroforme au siècle suivant puis des barbituriques au siècle dernier, l’histoire de l’anesthésie est celle de la quête de dosages plus fins, plus précis et aux effets secondaires réduits.

Des progrès rendus possibles grâce à ceux des dispositifs d’administration des produits anesthésiants : sondes et masques d’inhalation, systèmes de perfusion et d’injection (notamment pour les anesthésies locales)... Depuis les années 1950, le développement des moniteurs de surveillance a également participé de l’amélioration de l’anesthésie. Grâce à l’enrichissement de leurs paramètres et fonctionnalités, ils ont permis aux professionnels de l’anesthésie de s’adapter de mieux en mieux aux besoins de chaque patient. Si bien qu’aujourd’hui, l’anesthésie est une pratique très sûre pour laquelle tous les risques sont étroitement contrôlés.

Réanimation : repousser les limites

Sécurité et maîtrise des risques sont également les leitmotivs qui ont guidé les progrès en réanimation dont les origines remontent au début des années 1950 et au recours massif à la ventilation mécanique, dans une Europe ravagée par des épidémies de poliomyélite. Cet épisode ouvre la voie à la création des premiers services de réanimation, d’abord réservés à quelques pathologies respiratoires et infectieuses. Au fil des décennies suivantes, leurs domaines de prise en charge ne cesseront de s’élargir, sans limite de gravité, de pronostic ou d’âge (y compris pour les personnes très âgées et les prématurés et nouveaux-nés).

Cela n’aurait pu se faire sans les innovations apportées aux dispositifs et aux techniques de réanimation : diversité des modes de ventilation, suppléance du cœur et des poumons, moniteurs permettant une surveillance continue des fonctions vitales, multiplication des paramètres etc. L’objectif ? Repousser toujours plus les frontières de l’invasivité et améliorer la sécurité des patients, même dans les cas les plus graves.

Les chantiers du numérique et de l’IA

Digitalisation des données de surveillance (en anesthésie comme en réanimation ou en soins intensifs) et transfert automatique dans les dossiers patients informatisés, paramétrage des appareils via des interfaces numériques de plus en plus intuitives, meilleure interopérabilité… : les blocs opératoires et les services poursuivent leur transformation numérique. En effet, désormais connectés, les dispositifs médicaux permettent une surveillance toujours plus précise et multiparamétrique. L’avènement de l’intelligence artificielle ouvre également de belles perspectives, par exemple en matière d’aide au diagnostic, d’optimisation de la gestion des blocs et des services, de dépistage précoce et d’anticipation de l’évolution de certaines pathologies…

Parmi les premières à développer la simulation comme innovation pédagogique dans leur formation initiale et continue, l’anesthésie, la réanimation et la médecine intensive ont contribué à améliorer l’interface entre les dispositifs médicaux et les professionnels de terrain.

Relever le défi du développement durable

 Enfin, grâce à l’étroite collaboration qui unit ingénieurs et médecins intensivistes-réanimateurs ou anesthésistes-réanimateurs depuis des décennies, ces disciplines se sont également emparés des questions de développement durable et de l’enjeu de la qualité environnementale, économique et sociale. Ensemble, ils œuvrent pour développer des dispositifs dotés de système anti-pollution pour les environnements de travail (comme les blocs opératoires et les soins critiques) mais aussi à plus grande échelle, pour la planète.

C’est tout cela, et bien plus encore, que raconte cette nouvelle édition du livret Anesthésie-Réanimation, enrichie de deux infographies, l’une sur les bénéfices ouverts par la digitalisation des blocs opératoires, la seconde sur les chiffres-clés de l’anesthésie et de la réanimation en France. A découvrir également, deux témoignages de patients.

Les patients parlent de l’innovation
Le premier témoin de ce livret, Laure a connu plusieurs anesthésies, générales comme loco-régionales. Malgré quelques appréhensions (souvent partagées par les patients, d’ailleurs), elle en garde cependant de « bons » souvenirs, tout particulièrement grâce à l’accompagnement et à l’expertise des professionnels.
Un aspect essentiel pour les patients, comme le montre notre second témoignage. Marie, jeune maman, y raconte sa bouleversante expérience de la réanimation néonatale et des soins intensifs qui ont suivi l’arrivée prématurée de son bébé. Un épisode qu’elle a vécu à la fois comme une difficulté et une belle leçon de vie.

Pivot de l’hôpital numérique et de l’organisation de demain

Outils d’aide à la décision clinique, les logiciels DM permettent, en anesthésie-réanimation, une prise en charge améliorée, en particulier des patients critiques.

En anesthésie comme en réanimation, la documentation des multiples données des patients doit être précise et continue pour permettre une intervention la plus sécurisée et la plus confortable possible. Le rôle des logiciels DM est donc de collecter dans un système informatisé et centralisé toutes ces données pour assurer une meilleure efficience des soins à l’hôpital et permettre aux anesthésistes et réanimateurs de s’épargner certaines tâches manuelles pour se concentrer sur le patient. Ces DM ont donc un réel impact sur l’organisation hospitalière avec, à la clef, meilleure gestion des emplois du temps et des ressources humaines et matérielles, moins d’imprévus, un suivi du patient facilité et garanti, une traçabilité des actes et enfin, une réduction des coûts. Pour les patients aussi, le bénéfice est indéniable : la qualité des soins s’en trouve améliorée et leur parcours fluidifié. On recense aussi moins d’incidents et moins d’erreurs.

Il existe de très nombreux logiciels DM. La téléconsultation en anesthésie permet ainsi aux patients logeant loin des centres d’excellence de bénéficier du meilleur suivi. Autre déclinaison : l’informatisation des blocs opératoires rendue possible grâce à des systèmes de gestion extrêmement performants. À chaque intervention, ces DM centralisent toutes les informations nécessaires (dossier patient, programmation, documentation sur l’opération…). En réanimation, les logiciels de suivi permettent de mieux appréhender les différentes phases liées à l’opération : des prescriptions sont données par le logiciel heure par heure avec possibilité de remonter aux prescriptions des jours précédents. Le système planifie les soins, permet le suivi des résultats d’examens biologiques, surveille les paramètres vitaux collectés auprès des appareils de monitorage, compilent les données complémentaires (autres traitements) et archive le tout.

L’histoire des logiciels dispositif médicaux est liée aux progrès informatiques et à l’intelligence artificielle. À l’hôpital, l’informatisation des structures démarre dès 1982 avec le Projet de médicalisation des systèmes d’information (PMSI). L’arrêté du 20 septembre 1994 et la circulaire du 10 mai 1995 fixent l’obligation, pour les établissements, de transmettre leurs données. S’il existait déjà des logiciels utilisés en santé et marqués CE auparavant, c’est la Directive européenne n°2007/47/CE qui vient en préciser et en clarifier le statut : ces dispositifs sont désormais considérés comme « capables d’accomplir par eux-mêmes une finalité médicale ».

L’hôpital numérique, pivot de la modernisation du système de santé

Le 23 septembre 2013, lors de la présentation de sa feuille de route pour la Stratégie nationale de santé (SNS), la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, évoque le Programme hôpital numérique comme pivot de la modernisation de l’offre et du parcours de soins préconisée dans la Loi de santé. Ainsi, l’informatisation des établissements sanitaires est-elle vue comme une condition sine qua non de la médecine de parcours. Dans cette perspective, le programme vise d’abord le développement des Systèmes d’information hospitaliers (SIH) d’autant que les besoins futurs ne sont pas tant techniques ni technologiques qu’organisationnels. Dans une perspective d’amélioration du parcours de soins entre la ville et l’hôpital, le partage et l’informatisation des données de santé est essentiel et les logiciels DM auront un rôle primordial à jouer dans les années à venir.

Un serveur intelligent

Depuis quelques années, de nouveaux dispositifs sont apparus sur le marché. Il s’agit de serveurs applicatifs sécurisés autorisant un ou plusieurs accès distants simultanés aux logiciels d’imagerie médicale et de post-traitement. Ces solutions ont pour objectif de faciliter la communication et d’encourager les collaborations entre professionnels de santé, en particulier les actes de télé-expertise et de télé-assistance au moment du diagnostic mais aussi au cours d’une intervention chirurgicale, durant le suivi post-opératoire ou comme support visuel de la formation des professionnels de santé.

Le SIH trouve peu à peu sa place à l’hôpital

Dans un rapport publié en mars 2014 sur les Systèmes d’informations hospitaliers (SIH), l’Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux (Anap) estimait que « le SIH trouve progressivement sa place dans la stratégie des établissements. […] Un premier palier de maturité a été atteint, concernant en particulier la maîtrise technologique »,
alors que « l’ensemble des professionnels des établissements sont désormais des utilisateurs quotidiens de l’informatique ». L’Agence regrettait néanmoins que, concernant le versant informatique, « les processus relatifs aux dispositifs médicaux souffrent encore d’une automatisation non aboutie » et que le « dialogue de gestion au sein des établissements en [soit] encore à ses prémices ».  Pour développer massivement l’usage du SIH et en « faire réellement un élément contributif à la performance de l’établissement », l’Anap proposait, entre autres, d’améliorer l’intégration du SIH dans la stratégie de l’établissement, de développer
l’interopérabilité des logiciels et d’améliorer la formation à la maitrise des divers outils.

* « Audit des systèmes d’information auprès d’établissements représentatifs », Rapport final,
mars 2014, Anap



Dernière mise à jour : 13/09/2023